dimanche 24 novembre 2013

Pourquoi j'ai lu et surtout écouté Serge Augier sur France Inter

Je suis fubar!

Je dinais hier soir avec des amis lorsque la discussion dérive littéralement sur notre vieille connaissance, Serge Augier. Quelle n'est pas ma stupeur que non content de sévir sous le pseudonyme d'Urban taoïste sur les forums, le cher Serge se fend dorénavant d'un livre tous les six mois et se trouve, à ce titre, invité sur le plateau de France Inter.

Qu'à cela ne tienne, et ni une ni deux, je me retrouve à écouter le podcast de l'émission avec un an demi de retard, émission dont je vous encourage d'ailleurs l'écoute à votre tour : http://www.franceinter.fr/emission-partir-avec-archives-2011-2012-serge-augier.

Il est vrai que je ne Google plus ce cher Serge depuis qu'il a enfin arrêté de se proclamer disciple de Wan Laisheng (écrivain, stratège militaire, médecin et spécialiste d'arts martiaux décédé en 1993 et reconnu en Chine). J'aurais dû. Son parcours est fulgurant, car depuis cette usurpation de lignée, le voilà ni plus ni moins que l'héritier des plus grands maîtres chinois, à l'instar du Ken le survivant de notre enfance (RIP Maurice Sarfati au passage).

Il n'est qu'a lire son édifiante présentation sur France Inter, radio que j'estimais pourtant jusqu'alors (ah la la, la déliquescence du service public...):

"Serge Augier allias Urban Daoist est l’héritier de la tradition taoïste “Da Xuan”. Cette Tradition possède une lignée précise depuis l’année 510 à Kunlun. Pratiquant son art depuis son enfance, il est à présent doté d’une expérience de plus de 30 ans qu’il aime à transmettre et à partager. Il enseigne également l’art de combat chinois en France, en Europe. Son expérience lui a permis d’ouvrir son enseignement millénaire au monde occidental, de l’adapter à son mode de pensée tout en conservant l’esprit traditionnel de son art." Et pourquoi pas « né en 1988, Maître Serge Augier, 33ème Dan de Dao urbain, vous enseigne sa technique séculaire, gardée secrète depuis 122 millénaires par les moines Iphod vivant dans la montagne sacrée secrète. Il a été l'élève pendant 54 ans du Grand Maître Victor Triboule Tribor  Morderire. Profitant de la fougue de son jeune âge, il partage avec vous ces connaissances secrètes qui ne doivent surtout pas être divulguées à n'importe qui ! Venez apprendre ces secrets que vous pourrez jalousement garder pour assoir votre domination sur le monde, et atteindre l'état de boudhin suprême". Non mais je te jure!

Si notre cher Serge vit aujourd'hui davantage dans le manifeste que le caché, c'est probablement que sa mythomanie n'a d'égal que sa mégalomanie. D'entrée de jeu, voila t'y pas qu'il commence à embrouiller la journaliste qui le félicite pour la qualité de son thé (ce cher Serge reçoit à domicile!).

Je continue à écouter d'une oreille distraite tout en donnant le biberon à ma fille. L'émission dure quand même 52 minutes, c'est à dire que je pourrais méditer à la place, voire même regarder un épisode entier de Breaking bad. Mais non, et je devrais d'ailleurs être plus attentif au discours de maître serge, qui une fois n'est as coutume, parle encore de lui : j'ai compris ce que Confucius n'avait pas compris.

C'est alors que la journaliste fait preuve d'un éclair de lucidité: mais si tout ceci est secret, que révélez-vous dans vos livres? Et c'est bien la question qu'on se pose. Parce que derrière la personnalité fascinante de Serge Augier, son élitisme revendiqué, le phénomène de cour et l'hermétique prétendue de son enseignement, c'est bien au vide sidéral que nous sommes confrontés. Et je ne parle pas du Vide cher à Zuang Zi dont ce cher Serge aime à se référer, en bon orientaliste des plateaux. Sa connaissance du Chinois par exemple, est-ce un point de détail? On peut le penser, mais dans ce cas, pitié Serge, mais arrête donc de mobiliser des concepts, que dis-je, de simples mots chinois! Ou alors apprends au moins le Pinyin, que diable,  le Ziran (naturel) dont tu te revendiques encore, se prononce Zi jan! Et à la radio encore! Passe encore dans tes livres, mais tu sais, à la radio, on pourrait t'entendre...

Et ton thé Guanyin, il est fameux pour sûr, mais de là proclamer que tu es le seul dans toute la Chine à t'en procurer, allons! Aurais-tu également l'exclusivité de la source du puits du dragon qui se trouve juste à côté de ce fameux monastère de Hangzhou (oui, ça se prononce Rangzhou! ) et qui fait le délice de tous les connaisseurs de thé?

Mon cher Serge, tu l'auras compris, ton intrusion radiophonique nous gène, pourvu que l'envie ne te prenne pas de faire maintenant de la TV, le taoïsme mérite quand même mieux...